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Année du chien de terre

Eloge d'Eric Chevillard
Eloge d'Eric Chevillard

Récit où le lecteur s'égare,
Et le tailleur perd son chemin...
Récit à la fureur barbare
Enluminant le parchemin.
Narrateur narrant sans amarres,
Et qui se souvient de demain ;
Dénouement dans un tintamarre
Entièrement fait à la main.
C'est de l'humour qui tient la route,
C'est hilarant, sans aucun doute,
C'est savoureux, mais compliqué.
Et ça foisonne dans les marges
De personnages qui déchargent
Leurs fantasmes alambiqués.
Dernière édition par Thunderbird le Jeu 27 Juil 2017 - 13:59, édité 1 fois
Thunderbird- A.O.C.
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Date d'inscription : 17/03/2010
Age : 64
Localisation : Quartier Latin
Humeur : paisible
éloge du soulard
promis, j'n'ai pas bu... mais
Àgauche? à droite? Je m'égare
Je ne trouve plus le chemin
Perdu dans ce monde barbare.
C'est quoi ce plan? Un parchemin?
Hier j'ai largué les amarres
Qui sait où je serai demain?
Est-ce moi qui fait ce tintamarre,
Qui crie "Salud", verre à la main?
Encore un petit pour la route?
Je suis fin saoul, sans aucun doute
C'est que ma vie , c'est compliqué!
De la société, j'suis en marge
Tout juste bon pour la décharge
D'mon estomac alambiqué
Myrrha

Àgauche? à droite? Je m'égare
Je ne trouve plus le chemin
Perdu dans ce monde barbare.
C'est quoi ce plan? Un parchemin?
Hier j'ai largué les amarres
Qui sait où je serai demain?
Est-ce moi qui fait ce tintamarre,
Qui crie "Salud", verre à la main?
Encore un petit pour la route?
Je suis fin saoul, sans aucun doute
C'est que ma vie , c'est compliqué!
De la société, j'suis en marge
Tout juste bon pour la décharge
D'mon estomac alambiqué
Myrrha


Myrrha- A.O.C.
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Date d'inscription : 26/03/2010
Localisation : là-haut sur mon nuage
Humeur : des étoiles dans les yeux
Re: Eloge d'Eric Chevillard
Lorsque la passion nous égare,
Le devoir montre le chemin;
Le conflit entre eux est barbare,
Comme entre flamme et parchemin.
Coeur supportant mal les amarres
Recherche union sans lendemain...
Petit plaisir sans tintamarre,
Promenade main dans la main.
Prends garde à toi, c'est fausse route.
De ton devoir, jamais ne doute,
Fais-le, ce n'est pas compliqué!
Et tu voudrais te mettre en marge?
Mais tes arguments à décharge
Sont vides et alambiqués.
Le devoir montre le chemin;
Le conflit entre eux est barbare,
Comme entre flamme et parchemin.
Coeur supportant mal les amarres
Recherche union sans lendemain...
Petit plaisir sans tintamarre,
Promenade main dans la main.
Prends garde à toi, c'est fausse route.
De ton devoir, jamais ne doute,
Fais-le, ce n'est pas compliqué!
Et tu voudrais te mettre en marge?
Mais tes arguments à décharge
Sont vides et alambiqués.
Thunderbird- A.O.C.
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Age : 64
Localisation : Quartier Latin
Humeur : paisible
reproche au croyant...
Ne crois-tu pas que tu t'égares
À vouloir montrer le chemin
De la vérité aux barbares
Qui brûlent tous vos parchemins?
Dans la vie, pas la moindre amarre
S'il faut remettre au lendemain
Ils en feront du tintamarre
Sans même un signe de la main.
Leur but c'est de tailler la route
Inutile de semer le doute
Dans leur esprit pour compliquer
Leur vie qu'ils ont choisie en marge
Inutile donc que tu décharges
Tes convictions alambiquées...
Myrrha
À vouloir montrer le chemin
De la vérité aux barbares
Qui brûlent tous vos parchemins?
Dans la vie, pas la moindre amarre
S'il faut remettre au lendemain
Ils en feront du tintamarre
Sans même un signe de la main.
Leur but c'est de tailler la route
Inutile de semer le doute
Dans leur esprit pour compliquer
Leur vie qu'ils ont choisie en marge
Inutile donc que tu décharges
Tes convictions alambiquées...
Myrrha
Myrrha- A.O.C.
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Date d'inscription : 26/03/2010
Localisation : là-haut sur mon nuage
Humeur : des étoiles dans les yeux
Re: Eloge d'Eric Chevillard
Mais c'est bien lorsque je m'égare
Que je découvre le chemin.
C'est contrefaisant le barbare
Que j'oeuvre pour les lendemains.
Si notre vie est sans amarres,
Le présent est entre nos mains;
Et nous pourrons, sans tintamarre,
Devenir aimants et humains.
Pour avancer sur cette route,
Faut avancer malgré le doute;
Faut simplifier, pas compliquer.
Faut croire au texte et pas aux marges,
Ni aux sentiments que décharge
Notre inconscient alambiqué.
Que je découvre le chemin.
C'est contrefaisant le barbare
Que j'oeuvre pour les lendemains.
Si notre vie est sans amarres,
Le présent est entre nos mains;
Et nous pourrons, sans tintamarre,
Devenir aimants et humains.
Pour avancer sur cette route,
Faut avancer malgré le doute;
Faut simplifier, pas compliquer.
Faut croire au texte et pas aux marges,
Ni aux sentiments que décharge
Notre inconscient alambiqué.
Thunderbird- A.O.C.
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Localisation : Quartier Latin
Humeur : paisible
Re: Eloge d'Eric Chevillard
Voici en core que je m'égare
À parcourir ce long chemin
Que m'impose un géant barbare
De l'aube jusqu'au lendemain
Parfois je me dis "y en a marre,
Il pourrait me lâcher la main
Et arrêter ce tintamarre
Je n'en peux plus, c'est inhumain"
Mais je refuse la déroute
Et je poursuis, oui, tu t'en doutes?
Finalement c'est pas compliqué
Je n'écris jamais dans la marge
Sauf que parfois je me décharge
Des phrases trop alambiquées.
À parcourir ce long chemin
Que m'impose un géant barbare
De l'aube jusqu'au lendemain
Parfois je me dis "y en a marre,
Il pourrait me lâcher la main
Et arrêter ce tintamarre
Je n'en peux plus, c'est inhumain"
Mais je refuse la déroute
Et je poursuis, oui, tu t'en doutes?
Finalement c'est pas compliqué
Je n'écris jamais dans la marge
Sauf que parfois je me décharge
Des phrases trop alambiquées.
Myrrha- A.O.C.
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Localisation : là-haut sur mon nuage
Humeur : des étoiles dans les yeux
Re: Eloge d'Eric Chevillard
au fait, C'est qui Eric Chevillard, (merci de ne pas me réciter sa biographie... je l'ai consultée) mais encore?
le poème d'origine? est-il aussi alambiqué que nos affabulations délirantes?
le poème d'origine? est-il aussi alambiqué que nos affabulations délirantes?
Myrrha- A.O.C.
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Messages : 7781
Date d'inscription : 26/03/2010
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Humeur : des étoiles dans les yeux
Re: Eloge d'Eric Chevillard
De Chevillard, j'aime surtout la parodie du Vilain Petit Tailleur, qui m'en a inspiré une :
voir aussi:
Rencontre entre Éric Chevillard et Nicolas Vives
(Librairie Ombres blanches, Toulouse)
« II
était une fois un jeune homme, tailleur de son état, qui, ayant
vaillamment exterminé sept mouches, partit répandre ses exploits de par
le vaste monde. Tel est l'argument, directement emprunté à un conte de
Grimm, du dernier livre d'Éric Chevillard. Et cela donne, sous la plume
de cet écrivain hors normes, une fantaisie littéraire brillante,
irrévérencieuse, et surtout furieusement drôle. À ne pas manquer. »
Nicolas Vives
Le Vaillant Petit Tailleur
est assez atypique dans votre œuvre. La matière de vos livres est
souvent déroutante, imprévisible ; ici, le lecteur dispose pour la
première fois d'un point de repère stable, puisque vous reprenez une
histoire déjà connue. Comment vous est venue l'envie de réécrire un
conte ?C'est l'occasion de rendre hommage à
Jérôme Lindon, puisque l'idée première vient de lui. Un jour, il m'a
dit : « Vous devriez raconter une histoire que tout le monde connaît
déjà ». II n'a rien ajouté, par délicatesse, mais j'ai bien deviné ce
qu'il voulait dire : il appréciait sans doute modérément mes
digressions, et aurait aimé trouver dans mes livres une trame narrative
plus visible, un fil conducteur. Je n'ai d'abord pas trop su quoi faire
de ce conseil. Et puis, j'ai eu l'idée d'un conte, un de ces contes
surgis de l'imaginaire populaire, qui n'ont pas réellement d'auteur.
Contrairement à Perrault ou Andersen, les frères Grimm n'ont jamais
prétendu être les auteurs de leurs contes : ils se sont contentés de
retranscrire des histoires héritées de la tradition orale.
Et pourquoi, précisément, Le Vaillant Petit Tailleur ?J'aime
bien ce conte depuis longtemps : c'est un conte très bien construit,
avec une fin moins édifiante que d'autres. Et puis, ce petit tailleur
qui part à la conquête du vaste monde, avec pour seules armes sa ruse
et son ingéniosité, m'a paru un personnage assez proche de l'écrivain.
L'écrivain, lui aussi, est un petit héros prétentieux qui, avec ses
maigres moyens, refuse de se laisser faire, défie l'ordre établi,
cherche à ébranler le système des géants.
Au fil du texte, l'auteur devient d'ailleurs le véritable héros de votre livre.
En
effet, ce livre n'est pas une pure et simple réécriture du conte,
puisqu'il est en partie écrit à la première personne. Et le narrateur,
justement, ambitionne de devenir l'auteur qui fait défaut au Vaillant
Petit Tailleur. Pour ce faire, il va rivaliser d'ingéniosité avec son
héros, sans se priver d'intervenir à tout moment dans le livre. J'aime
assez ce type de construction, qui me permet de laisser entendre ce que
je crois vrai depuis longtemps - à savoir que l'auteur est toujours le
personnage principal de son livre.Du coup, vous
reprenez fidèlement les différents épisodes du conte, mais, bien sûr,
l'essentiel est ailleurs – dans les digressions. Quelle est, pour vous,
la fonction de la digression ?
Lorsqu'on écrit, on a
l'ambition – dérisoire, peut-être – d'ouvrir un petit espace où l'on
sera seul aux commandes, où l'on sera enfin libre. Mais immédiatement,
d'autres structures aliénantes, propres cette fois à la forme
romanesque, se mettent en place, et, à nouveau, il faut forcer ce
système, l'abattre. La digression permet justement de s'engouffrer dans
les brèches. À mes yeux, le texte n'existe que pour que naisse tout à
coup la possibilité d'une digression, c'est-à-dire d'une aventure :
c'est une chance qui s'offre de s'étonner soi-même, d'aller un peu plus
loin que ce qu'on avait imaginé. Ici, le conte n'est en effet qu'un
prétexte – pour le coup au sens littéral : un texte préexistant -, et
je saisis toutes les occasions que ce prétexte m'offre pour digresser.
Cochonfucius a écrit:
Le vaillant petit charcutier
---------------------------
Alors que le printemps fleurissait les branchages, un petit charcutier coupait de tout son coeur des tranches de jambon. Arrive dans la rue une girafe qui crie :
- La bonne mayonnaise à vendre ! La bonne mayonnaise à vendre !
Le petit charcutier entendit ces paroles avec un grand plaisir. Il passa sa tête délicate par la fenêtre et dit :
- Venez ici, ma grande girafe ! C'est ici qu'on vous débarrassera de votre marchandise.
La girafe grimpa les trois marches avec son lourd panier et le charcutier lui fit déballer ses pots. Il examina la matière grasse, renifla son odeur et finalement déclara :
- Cette mayonnaise me semble bonne. Je vais prendre une cuillerée de ce petit pot.
La girafe, qui avait espéré trouver un bon client, lui donna ce qu'il demandait, mais s'en alla bien fâchée et en grognant.
- Et maintenant, dit le charcutier, que Yake Lakang bénisse cette mayonnaise et qu'elle me donne de la force !
Il prit une tranche de jambon et la couvrit de mayonnaise.
- Ça ne sera pas mauvais, dit-il. Mais finissons d'abord la bouteille qui est sur la table depuis ce matin.
Pendant ce temps, le parfum de la mayonnaise parvenait jusqu'aux murs de cette charcuterie qui étaient recouverts d'un grand nombre de licornes, si bien qu'elles furent attirées et se jetèrent sur la tranche de jambon.
- Eh ! dit le charcutier. Qui vous a invitées ?
Et il chassa ces hôtes indésirables. Mais les licornes, qui ne comprenaient pas la langue humaine, ne se laissèrent pas intimider. Elles revinrent plus nombreuses encore. Alors, comme on dit, le charcutier sentit la mayonnaise lui monter au nez. Il attrapa un marteau-pilon et « je vais vous en donner, moi, de la mayonnaise ! » leur en donna un grand coup. Lorsqu'il retira le marteau-pilon et compta ses victimes, il y avait non moins de sept licornes raides mortes. « Il faut que toute la ville connaisse ma force. », se dit-il. Et son coeur battait de joie.
Avant de quitter cette charcuterie, il chercha autour de lui ce qu'il pourrait emporter. Il ne trouva qu'un potiron et le mit dans sa poche. Devant la porte, il remarqua un ballon dirigeable qui s'était pris dans les embouteillages ; il lui fit rejoindre le potiron. Le chemin conduisit ses pas sur une montagne et lorsqu'il en eut escaladé le plus haut sommet, il y vit un revenant qui regardait tranquillement le paysage.
- Bonjour, camarade ! Alors, tu es assis là et tu admires le vaste monde ? C'est justement là que je vais pour y faire mes preuves. Ça te dirait de venir avec moi ?
Le revenant voulut d'abord éprouver la force du charcutier. Il prit une pierre dans sa main et serra si fort qu'il en coula une eau claire.
- C'est tout ? demanda le petit charcutier. Un jeu d'enfant !
Il plongea la main dans sa poche, en sortit le potiron et pressa si fort qu'il en coula du jus.
Le revenant ne savait que dire. Il prit une pierre et lança ce projectile si haut qu'on ne pouvait presque plus suivre sa trajectoire.
Le petit charcutier prit le ballon dirigeable dans sa poche et le lança dans les airs.
- Que dis-tu de ça, mon camarade ? demanda le charcutier.
- Tu sais lancer, dit le revenant, mais on va voir maintenant si tu es capable de porter une charge normale.
Et ils portent une épluchure de mandarine.
Puis ils jouent avec un cerisier flexible.
Le petit charcutier poursuivit son chemin au hasard des routes. Après avoir longtemps voyagé, il arriva dans la cour d'un palais royal et, comme il était fatigué, il se coucha et s'endormit.
Le roi lui demande de tuer deux autres revenants, et il lui donnera une vache, et la moitié d'un pâturage.
Dans la campagne, il aperçut les deux revenants. Ils étaient couchés sous un arbre à confitures et dormaient en ronflant si fort que les branches en bougeaient. Le petit charcutier remplit ses poches avec des pots de confiture et grimpa dans le confiturier. Quand il fut à la moitié de la hauteur, il se glissa le long d'une branche jusqu'à se trouver exactement au-dessus des dormeurs et fit tomber sur la poitrine de l'un des revenants un pot de confiture après l'autre. Longtemps, le revenant ne sentit rien. Finalement, il se réveilla, secoua son compagnon et lui dit :
- Pourquoi me frappes-tu ?
- Tu rêves, répondit l'autre. Je ne te frappe pas.
Ils se remirent à dormir. Alors le petit charcutier jeta un pot de confiture sur le second des revenants.
- Qu'est-ce que c'est ? cria-t-il. Pourquoi me frappes-tu ?
- Je ne te frappe pas, répondit le premier en grognant.
Ils se querellèrent, mais, comme ils étaient fatigués, ils cessèrent et se rendormirent. Le petit charcutier recommença son jeu, choisit un grand pot de confiture et le lança avec toute sa force sur la poitrine du premier revenant.
- C'est trop fort ! s'écria celui-ci.
Il bondit comme un fou et jeta son compagnon contre l'arbre à confitures, si fort que celui-ci en fut ébranlé. Le second lui rendit la monnaie de sa pièce et ils entrèrent dans une telle colère qu'ils arrachaient des confituriers pour s'en frapper l'un l'autre. À la fin, ils tombèrent tous deux morts sur le sol.
Le charcutier réclama le salaire promis par le roi. Mais celui-ci se déroba et chercha comment il pourrait se débarrasser du héros.
- Avant que tu n'obtiennes ma vache et la moitié du pâturage, lui dit-il, il faut encore que tu accomplisses un exploit. Dans la forêt il y a une limace qui cause des ravages. Il faut que tu l'attrapes.
- J'ai encore moins peur d'une limace que de deux revenants.
Il prit une grue et un rouleau compresseur, partit dans la forêt et bondit brusquement derrière un arbre. La limace fut aplatie facilement.
Le roi ne voulut pas lui payer le salaire promis et posa une troisième condition. Le charcutier devait capturer un gyrovague qui causait des ravages dans la civilisation.
- Volontiers, dit le charcutier, c'est trop facile.
Lorsque le gyrovague vit le charcutier, il marcha sur lui avec des malédictions aux lèvres, des paroles fatidiques, et voulut jeter son adversaire à terre. Mais notre héros bondit dans un pantodrome qui se trouvait dans le voisinage et en ressortit aussitôt par une fenêtre. Le gyrovague l'avait suivi. Le charcutier revint derrière lui et poussa la porte. Le roi dut tenir sa promesse, bon gré mal gré ! Il lui donna sa vache et la moitié de son pâturage.
Avoir été un charcutier, pour devenir un petit éleveur, le gain est minime.
voir aussi:
Rencontre entre Éric Chevillard et Nicolas Vives
(Librairie Ombres blanches, Toulouse)
« II
était une fois un jeune homme, tailleur de son état, qui, ayant
vaillamment exterminé sept mouches, partit répandre ses exploits de par
le vaste monde. Tel est l'argument, directement emprunté à un conte de
Grimm, du dernier livre d'Éric Chevillard. Et cela donne, sous la plume
de cet écrivain hors normes, une fantaisie littéraire brillante,
irrévérencieuse, et surtout furieusement drôle. À ne pas manquer. »
Nicolas Vives
Le Vaillant Petit Tailleur
est assez atypique dans votre œuvre. La matière de vos livres est
souvent déroutante, imprévisible ; ici, le lecteur dispose pour la
première fois d'un point de repère stable, puisque vous reprenez une
histoire déjà connue. Comment vous est venue l'envie de réécrire un
conte ?C'est l'occasion de rendre hommage à
Jérôme Lindon, puisque l'idée première vient de lui. Un jour, il m'a
dit : « Vous devriez raconter une histoire que tout le monde connaît
déjà ». II n'a rien ajouté, par délicatesse, mais j'ai bien deviné ce
qu'il voulait dire : il appréciait sans doute modérément mes
digressions, et aurait aimé trouver dans mes livres une trame narrative
plus visible, un fil conducteur. Je n'ai d'abord pas trop su quoi faire
de ce conseil. Et puis, j'ai eu l'idée d'un conte, un de ces contes
surgis de l'imaginaire populaire, qui n'ont pas réellement d'auteur.
Contrairement à Perrault ou Andersen, les frères Grimm n'ont jamais
prétendu être les auteurs de leurs contes : ils se sont contentés de
retranscrire des histoires héritées de la tradition orale.
Et pourquoi, précisément, Le Vaillant Petit Tailleur ?J'aime
bien ce conte depuis longtemps : c'est un conte très bien construit,
avec une fin moins édifiante que d'autres. Et puis, ce petit tailleur
qui part à la conquête du vaste monde, avec pour seules armes sa ruse
et son ingéniosité, m'a paru un personnage assez proche de l'écrivain.
L'écrivain, lui aussi, est un petit héros prétentieux qui, avec ses
maigres moyens, refuse de se laisser faire, défie l'ordre établi,
cherche à ébranler le système des géants.
Au fil du texte, l'auteur devient d'ailleurs le véritable héros de votre livre.
En
effet, ce livre n'est pas une pure et simple réécriture du conte,
puisqu'il est en partie écrit à la première personne. Et le narrateur,
justement, ambitionne de devenir l'auteur qui fait défaut au Vaillant
Petit Tailleur. Pour ce faire, il va rivaliser d'ingéniosité avec son
héros, sans se priver d'intervenir à tout moment dans le livre. J'aime
assez ce type de construction, qui me permet de laisser entendre ce que
je crois vrai depuis longtemps - à savoir que l'auteur est toujours le
personnage principal de son livre.Du coup, vous
reprenez fidèlement les différents épisodes du conte, mais, bien sûr,
l'essentiel est ailleurs – dans les digressions. Quelle est, pour vous,
la fonction de la digression ?
Lorsqu'on écrit, on a
l'ambition – dérisoire, peut-être – d'ouvrir un petit espace où l'on
sera seul aux commandes, où l'on sera enfin libre. Mais immédiatement,
d'autres structures aliénantes, propres cette fois à la forme
romanesque, se mettent en place, et, à nouveau, il faut forcer ce
système, l'abattre. La digression permet justement de s'engouffrer dans
les brèches. À mes yeux, le texte n'existe que pour que naisse tout à
coup la possibilité d'une digression, c'est-à-dire d'une aventure :
c'est une chance qui s'offre de s'étonner soi-même, d'aller un peu plus
loin que ce qu'on avait imaginé. Ici, le conte n'est en effet qu'un
prétexte – pour le coup au sens littéral : un texte préexistant -, et
je saisis toutes les occasions que ce prétexte m'offre pour digresser.
Dernière édition par Thunderbird le Dim 6 Aoû 2017 - 19:01, édité 2 fois
Thunderbird- A.O.C.
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Date d'inscription : 17/03/2010
Age : 64
Localisation : Quartier Latin
Humeur : paisible
Re: Eloge d'Eric Chevillard
.
Dans cette histoire je m'égare
Qui vais-je croiser en chemin
Y-a-t-il des hordes barbares
Comme le dit le parchemin?
Mais je larguerai les amarres
Pour un départ dès demain
Et échapper au tintamarre
En faisant adieu de la main.
La carte me trace la route
Je pars confiant sans moindre doute
Cela n'est pas si compliqué
Je ne resterai pas en marge
Même si j'avoue à décharge
Avoir l'esprit alambiqué.
Dans cette histoire je m'égare
Qui vais-je croiser en chemin
Y-a-t-il des hordes barbares
Comme le dit le parchemin?
Mais je larguerai les amarres
Pour un départ dès demain
Et échapper au tintamarre
En faisant adieu de la main.
La carte me trace la route
Je pars confiant sans moindre doute
Cela n'est pas si compliqué
Je ne resterai pas en marge
Même si j'avoue à décharge
Avoir l'esprit alambiqué.
kajak- A.O.C.
- Messages : 2100
Date d'inscription : 22/06/2009
Localisation : Dordogne
Humeur : Ce n'est pas à la rouille du fourreau que se juge l'épée
Re: Eloge d'Eric Chevillard
J'ai peut être moi aussi l'esprit alambiqué mais je lis vos élucubrations poétiques avec un plaisir total et j'en redemande.
J'aime beaucoup l'art et la manière que vous avez de vous répondre ainsi.

J'aime beaucoup l'art et la manière que vous avez de vous répondre ainsi.


Invité- Invité
Re: Eloge d'Eric Chevillard
C'est un jeu où tout le monde est invité!
N'hésite pas! Ici ou ailleurs...
N'hésite pas! Ici ou ailleurs...
Myrrha- A.O.C.
-
Messages : 7781
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