Google +1
Moteur écolo
Qui est en ligne ?
Il y a en tout 5 utilisateurs en ligne :: 0 Enregistré, 0 Invisible et 5 Invités Aucun
Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 184 le Mar 5 Nov 2019 - 7:20
Derniers sujets
Tous les oiseaux du ciel
Tous les oiseaux du ciel
La vieille dame nourrissait les oiseaux tout l’hiver. C’était une très, très veille femme qui ne comptait plus les années… Et à quoi bon ? Son mari était allongé dans le cimetière du village depuis… depuis combien de temps déjà ? Quand elle pensait à lui, la vieille dame ne voyait que ses bras forts, ses yeux remplis de tendresse. Elle entendait aussi son grand rire, comme la fois où il l’avait soulevée pour lui faire franchir le seuil de la maison. Et elle sentait encore l’odeur de son corps, la chaleur et le poids de son amour qui l’avait enveloppée la première fois qu’il l’avait prise dans ses bras, il y avait si longtemps. Elle gardait précieusement une photo de leur mariage sur le manteau de la cheminée qui ne tirait plus, une photo jaunie dans un petit cadre doré terni par le temps. C’était la seule image qui égayait un peu sa maison, et elle la prenait dans ses mains pour la regarder tous les jours.
Ils avaient eu beaucoup de bonheur et beaucoup d’enfants dans la petite maison nichée au creux du jardin. Tous étaient partis.Certains étaient morts à la guerre ou de maladie, d’autres s’étaient mariés et avaient eux-même des enfants. Ceux qui étaient restés en vie ne donnaient plus de nouvelles : ils habitaient tous loin, si loin de la petite maison… Jacob avait fait sa vie à l’étranger, au Paraguay peut-être ; Maxime courait le monde avec un appareil photo pour capturer des images ; Lisa devait être mariée, à Amsterdam, ou à Rotterdam Ses petits-enfants ne parlaient sûrement même pas français. Mais la vieille dame n’était ni triste ni amère. Elle comprenait bien que les oiseaux sont fait pour s’envoler loin du nid un jour. Cela elle le savait pour les observer tous les jours dans son jardin.
En attendant, la vieille dame s’occupait des oiseaux. En hiver, elle sortait chaque matin pour remplir les mangeoires, attacher des boules de graisses aux branches des arbres dénudés, répandre du pain sec au sol pour les moineaux. Il y en avait tant à nourrir, tant à sauver en ces mois sombres et froids : rouge-gorges, sitelles, mésanges bleues ou charbonnières, moineaux, grives, geais…
Tous avaient tellement faim, tellement froid…Jamais elle n’oubliait de remplir ces tâches, même les jours ou ses rhumatismes la faisait souffrir, même ceux où son coeur affaibli s’affolait et lui coupait le souffle. Elle sortait même quand la neige recouvrait le jardin.
Puis le printemps revint. A l’aube, c’était un concert dans le jardin. Elle s’éveillait, émerveillée d’être toujours vivante, et s’asseyait sous les arbres. Mais les oiseaux, si familiers en hiver,se cachaient pour lancer leurs chants d’amour. Au printemps, jamais elle ne les voyait à moins de les guetter pendant des heures.
Un beau matin d’avril, la vieille dame s’éveilla avec une douleur oppressante dans la poitrine. Les oiseaux chantaient plus fort que jamais dans le jardin. La vieille dame avait compris : c’était la fin. Elle eut la force de se trainer jusqu’à la cheminée pour y prendre le cadre doré. Elle eut encore le courage de descendre les marches du perron. Puis elle s’affala dans le fauteuil d’osier au milieu du jardin.
Ils étaient tous là. Certains s’étaient posés sur les bras du fauteuil, d’autres sur ses pauvres mains, la plupart dans l’herbe. Tous la regardaient. Il y avait les merles siffleurs, les geais et les mésanges, les moineaux et les alouettes, et même les hirondelles revenues de voyage. Il y eut un grand silence. Puis, sur la plus haute branche du frêne, le rossignol chanta.
Ils avaient eu beaucoup de bonheur et beaucoup d’enfants dans la petite maison nichée au creux du jardin. Tous étaient partis.Certains étaient morts à la guerre ou de maladie, d’autres s’étaient mariés et avaient eux-même des enfants. Ceux qui étaient restés en vie ne donnaient plus de nouvelles : ils habitaient tous loin, si loin de la petite maison… Jacob avait fait sa vie à l’étranger, au Paraguay peut-être ; Maxime courait le monde avec un appareil photo pour capturer des images ; Lisa devait être mariée, à Amsterdam, ou à Rotterdam Ses petits-enfants ne parlaient sûrement même pas français. Mais la vieille dame n’était ni triste ni amère. Elle comprenait bien que les oiseaux sont fait pour s’envoler loin du nid un jour. Cela elle le savait pour les observer tous les jours dans son jardin.
En attendant, la vieille dame s’occupait des oiseaux. En hiver, elle sortait chaque matin pour remplir les mangeoires, attacher des boules de graisses aux branches des arbres dénudés, répandre du pain sec au sol pour les moineaux. Il y en avait tant à nourrir, tant à sauver en ces mois sombres et froids : rouge-gorges, sitelles, mésanges bleues ou charbonnières, moineaux, grives, geais…
Tous avaient tellement faim, tellement froid…Jamais elle n’oubliait de remplir ces tâches, même les jours ou ses rhumatismes la faisait souffrir, même ceux où son coeur affaibli s’affolait et lui coupait le souffle. Elle sortait même quand la neige recouvrait le jardin.
Puis le printemps revint. A l’aube, c’était un concert dans le jardin. Elle s’éveillait, émerveillée d’être toujours vivante, et s’asseyait sous les arbres. Mais les oiseaux, si familiers en hiver,se cachaient pour lancer leurs chants d’amour. Au printemps, jamais elle ne les voyait à moins de les guetter pendant des heures.
Un beau matin d’avril, la vieille dame s’éveilla avec une douleur oppressante dans la poitrine. Les oiseaux chantaient plus fort que jamais dans le jardin. La vieille dame avait compris : c’était la fin. Elle eut la force de se trainer jusqu’à la cheminée pour y prendre le cadre doré. Elle eut encore le courage de descendre les marches du perron. Puis elle s’affala dans le fauteuil d’osier au milieu du jardin.
Ils étaient tous là. Certains s’étaient posés sur les bras du fauteuil, d’autres sur ses pauvres mains, la plupart dans l’herbe. Tous la regardaient. Il y avait les merles siffleurs, les geais et les mésanges, les moineaux et les alouettes, et même les hirondelles revenues de voyage. Il y eut un grand silence. Puis, sur la plus haute branche du frêne, le rossignol chanta.
Re: Tous les oiseaux du ciel
J'aime ton texte...c'est beau..
Triste...
Triste...
et même les hirondelles revenues de voyage.Il y eut un grand silence

_______________________________________________________________________________________________
"La vie intérieure seule peut remplacer toutes les chimères."
Half~moon- A.O.C.
-
Messages : 241
Date d'inscription : 03/04/2010
Age : 32
Localisation : Mirage
Re: Tous les oiseaux du ciel
Je ne le vois pas comme vraiment triste. Le personnage avait beaucoup d'amis : tous les oiseaux du jardin et d'ailleurs. Il est normal qu'elle meure. Mais elle meure dans un chant d'espoir. J'ai eu les larmes aux yeux en écrivant les dernières lignes, tout de même...
Re: Tous les oiseaux du ciel
Magnifique !!! Tout cet amour qu'elle a donné sans jamais demander autre chose que ce bonheur simple offert par la nature, moi je trouve cela empli d'une grande tendresse...Elle a vécu et est morte avec ceux qui étaient pour elle de vrais amis ailés, ceux qui lui ont donné un bonheur à foison dans cette vie qui aurait pu n'être que tristesse, mais qu'elle a su apprécier pleinement...Bises
_______________________________________________________________________________________________

Le peu que je sais c'est à mon ignorance que je le dois...
Re: Tous les oiseaux du ciel
Merci de ce beau compliment sorti du cœur, Fugitive, tu as pleinement compris mon message. C'est un beau cadeau que d'être comprise.
Re: Tous les oiseaux du ciel
On oublie trop souvent que les animaux aussi ont une "âme" . Ils savent souvent avant nous que nous allons les quitter.
Quel plus beau remerciement que cette symphonie offerte en chant d'adieu?
Merci Babylone.
Quel plus beau remerciement que cette symphonie offerte en chant d'adieu?
Merci Babylone.
_______________________________________________________________________________________________
le bonheur est une petite chose que l'on grignote, assis par terre, au soleil
Myrrha- Démodérateur
-
Messages : 7740
Date d'inscription : 26/03/2010
Localisation : là-haut sur mon nuage
Humeur : des étoiles dans les yeux
Re: Tous les oiseaux du ciel
C'est un conte, bien sûr, sorti de mon imaginaire, mais.... Qui dit que ? Et si c'était vrai ? En tout cas, nous sommes là pour imaginer.
Re: Tous les oiseaux du ciel
Peut être ne sont-ce pas que des animaux mais la réincarnation d'êtres aimés... Qui sait ?
Joli texte !
Joli texte !
ungekosurlepied- A.O.C.
-
Messages : 1305
Date d'inscription : 18/03/2010
Age : 61
Localisation : 16800
Humeur : Vagabondes
Re: Tous les oiseaux du ciel
Tu crois à la réincarnation ? Ce pourraient être aussi des porte-parole de Dieu ?
Re: Tous les oiseaux du ciel
Non et non.... je cherche... ;-)
ungekosurlepied- A.O.C.
-
Messages : 1305
Date d'inscription : 18/03/2010
Age : 61
Localisation : 16800
Humeur : Vagabondes
Re: Tous les oiseaux du ciel
Tu es comme moi, alors ;-)
Croire, ça ne sert à rien. Ce qui compte, c'est de savoir. Moi je ne sais pas grand-chose. Le jour où je saurai, je dirai ;-)
Croire, ça ne sert à rien. Ce qui compte, c'est de savoir. Moi je ne sais pas grand-chose. Le jour où je saurai, je dirai ;-)
Re: Tous les oiseaux du ciel
Dieu,
Ceux qui demandent,
Ceux qui demandent pardon,
Ceux qui disent merci.
Ceux qui demandent,
Ceux qui demandent pardon,
Ceux qui disent merci.
ungekosurlepied- A.O.C.
-
Messages : 1305
Date d'inscription : 18/03/2010
Age : 61
Localisation : 16800
Humeur : Vagabondes
Re: Tous les oiseaux du ciel
Et ceux qui rendent grâce.
_______________________________________________________________________________________________
le bonheur est une petite chose que l'on grignote, assis par terre, au soleil
Myrrha- Démodérateur
-
Messages : 7740
Date d'inscription : 26/03/2010
Localisation : là-haut sur mon nuage
Humeur : des étoiles dans les yeux
Re: Tous les oiseaux du ciel
rendre grâce, c'est pas la même chose que dire merci ? En ancien français, "mercy" voulait dire "pitié".
Nous pouvons demander pitié, nous sommes si peu. Mais demander à qui ?
Puisqu'il n'y a personne d'autre à qui demander : demandons à Dieu.
Nous pouvons demander pitié, nous sommes si peu. Mais demander à qui ?
Puisqu'il n'y a personne d'autre à qui demander : demandons à Dieu.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
» Les deux sœurs
» Rubaiyat métaphysiques
» haïku d'hiver
» Murmure de la ruche
» Zèbre-loup
» L’année du Buffle ( de Schrödinger)
» Trinité de corpuscules
» ICI......
» Obélisque sous la lune
» La vie en filigrane
» Monstre nocturne
» Manoir des utopistes
» Oiseau rédempteur
» Fatum
» Taureau monochrome
» Saint Maternel
» Roi d’antipourpre
» Rêveries d’une antique bombarde
» Saint Polygraphe
» Véhicule à vapeur
» Un palmier danse
» Sacrifice barbare
» Temps suspendu
» Désir
» Obscur gyrovague
» Le seigneur Microptère
» Pont transtemporel
» Oiseau-muse
» Innocuité du goupil d’argent
» Manu-Manu d’argent
» Les amis d’autrefois, s’ils entendent ça…
» Maîtres Étalons
» Chapelle de sable
» Dauphin tordu
» Nef léonine
» Humeur bicolore
» Arbre d’un autre jardin
» Papillon sybarite
» Bréviaire sybarite
» Fin de vie
» Chien de Hastings
» I Lovecraft.
» Mélancolie des vieux murs
» Ramure d’un dieu
» Chevalier sans avoir
» LES AMIS
» L’ange Phélabète
» Herbe trinitaire
» Avenir enchanteur ?
» Trinité rampante
» Rêverie en Rouge
» S O S...culape !
» Poisson d’inframonde
» Perplexité du goupil de pourpre
» Planète Elmantandra
» Le roi d’Alpha Cicadae
» Planète Sadepandra
» Haikus divers
» banqualéventer
» Dieu lucifuge
» Fruits de la passion
» Royal plumage
» Des mots d'amour, ma foi
» Aérovestale
» Oiseau de Lilith
» Grande salamandre
» Empereur de sinople
» Amphore de Pise
» Danseuse du siècle passé
» Maison de sinople
» Vue de ma fenêtre
» Trinité du Cercle Polaire
» Sagesse de Panurge
» Bastide du zérogame
» Docte Goupil
» Grand chien solipsiste
» Moulin rustique
» Couleurs du couchant
» Blues sous un ciel de rouille